Le plan de mesurage vit et évolue en fonction des besoins énergétiques

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Référent technique efficacité énergétique au CETIM (Centre technique des industries mécaniques), Éric Sénéchal aborde les points clés du plan de mesurage des consommations énergétiques dans l’industrie. Ces notions sont approfondies dans un module complémentaire à la formation « Référent énergie dans l’industrie et le tertiaire complexe » (PROREFEI) pilotée par l’Association Technique Energie Environnement (ATEE).

Pourquoi un industriel a-t-il intérêt à mette en place un plan de mesurage de ses consommations énergétiques ?

Dans le secteur industriel, le plan de mesurage demeure le BA.ba d’une bonne gestion des énergies et de l’efficacité énergétique. Rappelons que la mesure énergétique s’inscrit dans la démarche de management de l’énergie décrite dans la norme ISO 50.001. Concrètement, un plan efficace se doit de répondre à trois questions simples : La consommation énergétique de mon entreprise se justifie-t-elle ? L’énergie, est-elle utilisée à bon escient ? Où réaliser des économies ?

Les solutions de surveillance actuellement disponibles sur le marché permettent de connaitre la situation énergétique d’un site. Mais elles ont de nombreuses autres vertus, comme celle d’assurer un suivi des consommations dans le temps très utile, d’alerter en cas de dérive des consommations, de chiffrer les gains obtenus par les actions d’amélioration, etc.

Toutefois, un système métrologique ne s’improvise pas. S’il veut être efficace, le référent énergie doit faire vivre et évoluer le plan de comptage en fonction des besoins de l’entreprise. En la matière, le mot d’ordre reste la souplesse, surtout, dans un contexte où la crise sanitaire contraint les finances des industriels. Une entreprise peut très bien obtenir de premiers résultats avec trois compteurs. Pour maîtriser leurs procédés, les industriels mettent en œuvre des KPI et autres indicateurs pour garantir leur qualité, leur productivité, suivre les marges, etc. Cette maîtrise du process via le suivi ne se fait pas en un jour. C’est pareil pour l’énergie.

En vue d’accompagner les référents énergie, le CETIM et le CETIAT (Centre technique des industries aérauliques et thermiques) ont participé à l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques édité par l’AFNOR : FD X30-147. Il a d’ailleurs servi de base à la construction de la norme européenne NF EN 17267 publiée en août 2019 qui spécifie les exigences ainsi que les principes de conception et de mise en œuvre d’un plan de mesurage.

Comment un référent énergie peut-il élaborer un plan de mesurage efficace ?

Le référent énergie doit d’abord se poser la question : A quoi va servir mon plan de comptage ? En effet, les indicateurs énergétiques diffèrent selon qu’il s’agisse de renseigner des variables financières ou de suivre la consommation d’un équipement sur le plan de la maintenance. Il faut également repérer des compteurs déjà en place dans les ateliers. Certains sont en fonctionnement, mais leur existence a été oubliée. Il nous est arrivé de découvrir un compteur positionné à une hauteur de 4 mètres sur un four à gaz ! Le choix du matériel de mesurage va ensuite être guidé par le type d’énergie, le nombre de points de mesure, la précision attendue et le type de présentation des données souhaité. Il faudra ensuite le mettre en place, analyser régulièrement les données collectées et ne pas oublier la maintenance de ce système de mesurage.

Quels retours sur investissement peuvent espérer les industriels qui s’engagent dans la mise en place de plans de mesurage ?

Le coût d’un plan de mesure peut varier dans une fourchette de 5000€ à 200.000€, car il dépend du nombre de points de mesure et de l’architecture informatique à déployer. Les enjeux autour de la sécurisation des données peuvent impliquer certaines précautions susceptibles de renchérir les coûts. Le retour sur investissement est une question récurrente à laquelle il est difficile de répondre précisément. A l’instant T, la mise en place d’un plan de mesurage ne rapporte rien. Mais le retour financier indirect demeure très substantiel selon moi, dans la mesure où un suivi permet de mieux maitriser ses consommations de gaz et d’électricité et de détecter les gaspillages énergétiques rapidement. Je le situe autour de 2 à 5 % de la consommation énergétique globale d’un site notamment car il rend plus visible les actions organisationnelles. Il est également important de savoir qu’il existe une fiche standardisée du dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) pour la mise en place d’un plan de mesurage qui permet une prise en charge partielle de l’investissement.

Avez-vous un exemple concret illustrant les bénéfices d’un plan de mesurage ?

Le CETIM est dernièrement intervenu dans une forge industrielle, un secteur particulièrement énergivore. Le relevé des index des compteurs y était réalisé manuellement de façon hebdomadaire. Outre l’aspect fastidieux de ces tournées, ces relevés étaient source d’erreurs. L’automatisation de la collecte des données a permis à cette PME de 200 personnes d’avoir un suivi énergétique plus fiable. La mise en place d’indicateurs adaptés a également donné davantage de visibilité aux acheteurs d’énergie à la faveur d’une meilleure prévision des consommations, tandis que l’instauration d’alertes permettent au service maintenance d’être prévenu très rapidement en cas d’éventuelles anomalies énergétiques. Les alertes de ce type liées aux procédés constituent souvent d’ailleurs d’excellents signaux précurseurs de pannes et permettent des interventions en préventif plutôt qu’en curatif.

Le programme de formation des Référents Energie dans l’industrie et le tertiaire complexe PROREFEI s’est enrichit d’un module complémentaire « Plan de mesurage et de surveillance de l’énergie ». En quoi est-il utile ?

La formation «Référent énergie dans l’industrie et le tertiaire complexe » PROREFEI lancée en 2018 et pilotée par l’Association Technique Energie Environnement (ATEE) avec l’appui de l’ADEME permet la montée en compétence des professionnels issus notamment des services HQSE, Maintenance, Travaux neufs ou Production. Elle s’est dernièrement enrichie d’un module complémentaire « de mesurage et de surveillance de l’énergie». Le CETIM, le CETIAT et la société de conseil en performance énergétique Rozo interviennent en tant qu’organismes de formation pour apporter leurs expertises aux stagiaires de PROREFEI souhaitant approfondir leurs connaissances en matière de mesurage énergétique.

Pendant ce module complémentaire, les bénéfices d’un plan de mesurage, la méthodologie de son déploiement et les spécificités des différents matériels sont explorés. Une prise en charge des couts pédagogiques de ce module complémentaire est prévue dans le cadre de PROREFEI sous certaines conditions. Ce module est organisé en classe virtuelle en deux sessions de deux heures proposées à partir du mois d’octobre 2020. D’autres sessions sont prévues en 2020 et 2021 en présentiel ou en classes virtuelles en fonction de la situation sanitaire.

Philippe Bohlinger

Pour tout savoir sur le module complémentaire Plan de mesurage et de surveillance de l’énergie, cliquez ici

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