« L’implication des consultants-formateurs dans la diffusion du programme PROREFEI crée un cercle vertueux »

Comment votre bureau d’études est associé au programme de formation PROREFEI ?

Notre bureau d’études spécialisé en performance énergétique a été créé en 2008 à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Il compte sept salariés dont trois habilités à conduire des formations « Référent énergie dans l’industrie et le tertiaire complexe » (PROREFEI), un programme de formation porté par l’ATEE (Association Technique Energie Environnement). Dans le détail, le parcours de formation démarre par six heures de formation préalable en ligne (MOOC) pour réviser ou acquérir les connaissances théoriques fondamentales. Cette formation à distance est suivie par deux jours de formation théorique en présentiel. Le cursus se prolonge par un coaching des stagiaires en entreprise pendant laquelle le formateur consacre deux journées etdemi par stagiaire. La nécessité d’approfondir certaines thématiques a conduit à enrichir dernièrement la formation de six modules complémentaires (achat, financement, énergies renouvelables, etc.)

Notre société de conseil indépendante a été étroitement associée à la construction de l’architecture du programme précurseur de PROREFEI. Optinergie avait en effet été missionné par l’agence de la transition écologique ADEME en vue d’imaginer l’organisation du module DEREFEI lancé en 2015 et de réaliser quatre sessions expérimentales. L’objectif consistait à susciter l’émergence de référents énergie dans les secteurs industriels, une fonction jugée indispensable au déploiement des systèmes de management de l’énergie.

Une fois le programme sur de bons rails, l’ADEME nous a sollicité en 2018 en vue d’orienter davantage le cursus vers une « formation-action ». Optinergie a réalisé six mois de phase de test. De là est née la forme actuelle du programme PROREFEI, soutenu par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Concrètement, les formateurs-accompagnateurs, pendant la phase d’accompagnement, sont présents aux côtés des stagiaires, en espaçant les rencontres en fonction des besoins. Cette organisation favorise la mise en application concrète des principes théoriques. Elle est très appréciée des référents énergie.

Quelles évolutions avez-vous constaté dans la diffusion de ce programme de formation des référents énergie dans l’industrie et le tertiaire complexe ?

Au fil du temps, nous avons observé que PROREFEI suscitait de plus en plus l’intérêt de la part des industriels. Des cursus approchants étaient certes présents auparavant dans les catalogues de gros organismes de formation professionnelle en industrie et environnement, mais ceux-ci soulevaient peu d’engouement et ne proposaient pas d’accompagnement sur le terrain.

Aux côtés de l’ATEE, porteur de PROREFEI, les organismes de formation habilités mobilisent leurs forces pour populariser la formation. Au lancement du programme, Optinergie a réalisé beaucoup de prospection. Puis le bouche à oreille a commencé à produire ses effets. Nous avons repris ces prospections en 2019, mais aussi début 2021 afin de relancer les inscriptions, une fois passée la phase aigüe de la crise sanitaire. Cette implication des consultants-formateurs PROREFEI crée un cercle vertueux bénéfique à la formation des salariés en charge des énergies dans les secteurs industriel et tertiaire.

L’ultime étape de cette démarche est la création par l’ATEE, il y a un peu plus d’un an de la Communauté des Référents énergie. Elle vise à tisser un réseau autour de ces professionnels.

Pouvez-vous illustrer par un exemple concret le bénéfice que tirent les stagiaires PROREFEI des accompagnements en entreprise ?

Dernièrement Optinergie a accompagné trois stagiaires PROREFEI salariés d’un fabricant de cosmétiques implanté dans la région Grand Est. Il s’agissait du responsable hygiène, sécurité et environnement du responsable de la maintenance et du responsable-adjoint de la maintenance. Trois, c’est le nombre maximum de stagiaires dont les coûts pédagogiques peuvent être pris en charge pour une même société. Au total, l’entreprise a bénéficié de 60 heures d’accompagnement sur site (20 heures pour chaque salarié ayant suivi la formation). Cet accompagnement-formation a permis aux 3 référents énergie d’acquérir des compétences pratiques tout en identifiant de beaux projets d’efficacité énergétique, en commençant par améliorer leur plan de comptage. Car ce plan de comptage était principalement orienté autour des consommations électriques. Leur chaudière industrielle qui servait à la fois pour produire l’eau chaude sanitaire de l’usine (ECS) et de la vapeur process, était sous-utilisée… Dans ce contexte, les référents énergie sont parvenus à réduire de 30% les consommations de gaz (1500MWh par an) de leur entreprise. Pour ce faire, ils ont remplacé la chaudière existante par un équipement de taille trois fois moindre et entièrement réservé à la production de vapeur process. Cet investissement a également été l’occasion de changer de technologie en passant d’une chaudière à vaporisation instantanée à une chaudière tubes de fumée plus adaptée à la production. Parallèlement, la récupération de la chaleur fatale des compresseurs d’air a permis de couvrir la production d’ECS de l’usine.

Comment les industriels prennent-ils à bras le corps les enjeux de l’efficacité énergétique et de la décarbonation ?

Nous sentons une augmentation de l’intérêt des entreprises pour les sujets liés à l’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et de décarbonation. Ces douze derniers mois, en raison du nombre important de demandes, nous avons refusé quasiment l’équivalent de notre chiffre d’affaires annuel sur les parties ingénierie et audit. Nous sommes dans une période où les industriels peuvent bénéficier d’importantes aides au travers des différents plans issus de France Relance, mais également du dispositif de CEE, etc. Les sociétés montent dans le train, engagent de belles opérations, salvatrices pour les prochaines décennies. Pour elles, c’est aussi l’occasion d’engager un virage stratégique. Celles qui restent sur le quai seront contraintes à moyen terme par la hausse des prix des énergies et de la taxation carbone. Cette capacité à anticiper les mutations s’avère plus facile dans les PME ou les ETI, mais les grands groupes s’y engagent eux aussi au travers de sites pilotes.

Philippe Bohlinger

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ATEE – ADEME – Ministère de la Transition écologique – OPTINERGIE