L’aéroport Marseille Provence affine le management de ses énergies

Sonia Giuggia, formatrice coach PROREFEI, consultante au sein du cabinet Rozo

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L’accueil de 11,1 millions de passagers en 2024 et de 35 compagnies aériennes s’accompagne pour l’aéroport Marseille Provence de besoins énergétiques comparables à ceux d’une industrie manufacturière. Grâce à l’Iso 50.001 et la formation de référents énergie, la plateforme a pu donner un coup d’accélérateur à sa démarche de management de ses consommations de gaz et d’électricité.

Piloter la transition énergétique d’une plateforme aéroportuaire est un challenge de haut vol. L’aéroport Marseille Provence a pu se fixer d’ambitieux objectifs en la matière en structurant davantage le management de ses énergies grâce à la certification Iso 50.001 décrochée en 2021 et la création d’une équipe dédiée en 2022. Alain Di Domenico, ingénieur management énergie et risque industriel, compare les installations de cette petite ville à une industrie manufacturière. Le site où se côtoient quotidiennement 4.500 employés, consomme annuellement 3,6 GWh de gaz pour le chauffage et 21 GWh d’électricité pour la production de froid, le fonctionnement des centrales de traitement d’air, l’éclairage, etc.

Réduction des consommations énergétiques et autoconsommation d’énergie solaire

L’ingénieur précise d’emblée que « l’efficacité énergétique n’est pas un sujet nouveau à l’aéroport Marseille Provence. Nous y travaillions depuis 30 ans ! » Sur la plateforme aéroportuaire de 600 hectares, le remplacement des éclairages traditionnels par des leds a débuté il y a quinze ans dans les 200.000m² de bâtiments, mais également au niveau des voiries et des deux pistes.

Il y a quatre ans, la mise en route d’une centrale de production de chaleur et de froid dernier cri a par exemple divisé par trois la consommation de gaz et par deux la consommation d’électricité de cet équipement. Son système de récupération de chaleur sur la production de froid en hiver économise la production de 1GWh thermique chaque année.

Actuellement, l’aéroport déploie des ombrières photovoltaïques sur ses espaces de stationnement, pour verdir ses consommations énergétiques et se mettre en conformité avec la loi d’accélération pour les énergies renouvelables (APer). « Un premier parking a été équipé en avril 2024, des ombrières sont en cours de mise en route sur un deuxième parking et nous allons démarrer l’équipement du troisième. A l’issue du chantier, les 9MW crêtes installés livreront des électrons verts entièrement autoconsommés par l’aéroport, ce qui couvrira entre 15 et 30% de nos besoins électriques », détaille Alain Di Domenico.

Abaisser de 90% les émissions de CO2 d’ici 2030

Les progrès dans le management des énergies viennent appuyer les enjeux de décarbonation, une préoccupation de l’ensemble du secteur aéronautique régulièrement pointé du doigt pour ses émissions de CO2. « Notre chantier de décarbonation a débuté en 2013 par l’arrêt du contrat d’effacement aux heures de pointe signé avec EDF (22 jours par an). Il nous contraignait en effet à mettre en route nos groupes électrogènes au fioul », détaille l’ingénieur.

Le plan « Amplitude 2030 » adopté par le concessionnaire aéroportuaire vise une diminution de 90% des émissions de CO2 entre 2013 et 2030. L’investissement dans de nouveaux groupes électrogènes de secours en 2018 a divisé par quatre les émissions de ces équipements. L’électrification des postes avion via l’aménagement des trappes de 400Hz a par ailleurs permis la suppression de groupes électrogènes utilisés pour l’alimentation électriques des avions en stationnement.

Le plan « Amplitude 2030 » adopté par le concessionnaire aéroportuaire vise une diminution de 90% des émissions de CO2 entre 2013 et 2030. L’investissement dans de nouveaux groupes électrogènes de secours en 2018 a divisé par quatre les émissions de ces équipements. L’électrification des postes avion via l’aménagement des trappes de 400Hz a par ailleurs permis la suppression de groupes électrogènes utilisés pour l’alimentation électriques des avions en stationnement.

Structurer sa démarche grâce au dispositif PROREFEI

Des marges de progrès demeurent, ce qui implique la mobilisation de toutes les équipes. Pour avancer sur ce sujet, Alain Di Domenico et son chef de service ont suivi la formation des référents énergie du dispositif PROREFEI piloté par l’ATEE. Leur objectif ? Structurer une équipe pluridisciplinaire autour du système de management de l’énergie et plus spécifiquement améliorer la gestion de la certification Iso 50.001. La cellule énergie créée en 2022 a été étoffée et compte aujourd’hui deux personnes et un alternant. Elle collabore avec les services maintenance, travaux neufs et environnement lors de revues énergétiques régulières. « PROREFEI m’a apporté un nouveau souffle sur toutes les thématiques qui gravitent autour de la performance énergétique, grâce à des contenus denses notamment ceux délivrés dans le MOOC », détaille le référent énergie. La formation a été complétée par un coaching en situation de travail de 2,5 jours sur six mois. Elle a débouché, notamment, sur une campagne de mesure des consommations des centrales de traitement d’air, celles-ci représentant plus de 15 % de la consommation d’électricité. Elle a également encouragé le relamping en technologie led, avec par exemple le lancement d’études pour mettre en place un éclairage piloté par une gestion technique centralisée (GTC) dans le cadre de la réhabilitation du hall historique Fernand Pouillon, une aérogare de 19.000m².

Formations thématiques et Communauté des Référents énergie pour aller plus loin

L’instauration d’un plan de comptage avec l’acquisition d’un outil de supervision de type EMS (Energy management system) est également planifié pour 2026. « Nous sommes en retard sur ce sujet. Or pour réaliser des économies, il est essentiel de pouvoir quantifier ses consommations. C’est d’ailleurs pourquoi, j’ai participé les 7 et 8 juillet 2025 à la formation thématique « Plan de mesurage proposée dans le cadre du dispositif PROREFEI ». L’ensemble des solutions envisagées par l’aéroport Marseille Provence permettrait d’économiser 1 GWh supplémentaire. Enfin, pour accélérer le processus, les animateurs de la démarche envisagent de rejoindre la « communauté des référents énergie », un réseau de pairs et d’experts animé par l’ATEE encourageant le partage de solutions.

Mieux communiquer en interne sur l’Iso 50.001 et améliorer la veille règlementaire

« A l’issu du parcours de formation théorique, le dispositif PROREFEI prévoit un coaching en situation de travail pour lequel un formateur dédié consacre un total de 2,5 jours répartis sur six mois. En tant que formatrice PROREFEI, j’ai suivi Alain Di Domenico à raison de séances bimensuelles de 2 à 3 heures réparties sur l’année 2024. Alain Di Domenico a souhaité mettre à profit cette période de coaching pour préparer une action de communication dans l’entreprise sur l’Iso 50.001 et améliorer la veille règlementaire par services concernés par la performance énergétique. En termes de communication les enjeux sont considérables : Lorsqu’on veut sensibiliser aux écogestes et à l’efficacité énergétique, on ne s’adresse pas de la même manière à une compagnie aérienne ou à des équipes de maintenance. L’idée était également de faire la démonstration, en interne, que le management des énergies, participe à la décarbonation, une thématique qui parle davantage à l’ensemble des personnels. Sur le plan règlementaire, il est important que les services techniques disposent des bonnes informations : décret Bacs pour la mise en place de l’automatisation des systèmes de gestion énergétique, décret tertiaire pour la réduction des consommations d’énergies, etc. De même, dans le cadre de travaux d’agrandissement, les problématiques de maintenance doivent être bien appréhendées. En effet, un bon entretien des installations est un gage d’économies d’énergie futures. »

Un article de Philippe Bohlinger

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